Noémie se confie: “Je ne m’ennuie jamais quand je suis seule, mais avec David, parfois je ne sais pas quoi dire, pas quoi faire…” L’ennui surgit quand il n’y a plus d’intimité. Quand les mécontentements ne s’expriment plus et quand les secrets et les non-dits habitent et nourrissent les silences. “Je n’ai rien à lui dire” signifie en fait: “je n’ose pas lui dire ce qui me préoccupe vraiment”.
La communication intime porte sur les émotions et les sentiments. Elle est essentielle pour la vitalité d’un couple. “Je veux bien, mais il ne parle pas. Je lui demande de me dire qu’il m’aime, de formuler ce qu’il ressent à mon égard, il refuse de parler de ce genre de choses”.
Avant d’attendre une ouverture de la part de l’autre, de l’accuser de non-communication. Il est essentiel de prendre sa part de responsabilité dans la difficulté relationnelle. En effet, il est utile de parler de soi sans attendre une réponse, de s’exprimer, d’être authentique. C’est une façon d’ouvrir une porte.
Laure, une amie me dit que son mari ne lui parle plus beaucoup. Pourtant, elle aimerait bien en savoir plus sur son travail, peut-être rire avec lui des anecdotes arrivées pendant la journée, connaître les clients…
Cependant, elle avoue qu’elle ne lui demande jamais de parler de sa journée. “S’il ne m’en parle pas c’est qu’il n’en n’a pas envie, je ne vais pas l’embêter!”. D’ailleurs, elle ne parle pas non plus de son propre travail. Elle ne veut pas l’ennuyer. “Il n’y a rien à raconter”, dit-elle.
A force d’avoir peur d’embêter l’autre, ils ne savent plus quoi se dire. Ainsi l’ennuie s’installe peu à peu. Laure ne sait pas vivre l’intimité. Elle ne s’exprime pas, et ne cherche pas à pénétrer le monde de l’autre, pas même celui de son compagnon. L’intimité est un état de grande proximité. La distance à l’autre est abolie dans la confiance mutuelle. L’intimité peut être physique, affective, intellectuelle. Elle peut s’installer sur un plan et pas sur les autres, ou s’étendre sur tous les plans. Elle nécessite authenticité des sentiments et non jugement.
Sonia n’arrive pas à inscrire un amour dans la durée. Séduisante, elle a des aventures, mais ne trouve pas de compagnon de vie. Intelligente et chaleureuse, elle est attirante. Quel est le problème? Elle est trop gaie, tout le temps gaie. Elle traverse les vents et marées de la vie avec un sourire si ostensiblement affiché et une telle volonté qu’elle met les hommes à distance. L’un deux lui a dit: “Tu es trop forte pour moi”.
Ce jour-là, elle a pleuré… mais pas devant lui. Elle se sent fragile, elle ne comprend pas. Oh non, elle n’est pas forte. Justement, montrer sa vulnérabilité à celui qu’elle aime est au-dessus de ses forces. Si elle plaque ce sourire sur les lèvres, c’est pour paraître enjouée, ne pas ennuyer les autres avec ses problèmes. Elle ne comprend pas que ce soit justement ce sourire qui fasse fuir les hommes.
Mélissa est désemparée. Comme beaucoup d’entre nous quand nous découvrons que les codes et les attitudes apprises de notre famille ne “marchent pas”. C’est dans la petite enfance que l’on apprend à “être fort”, ou plutôt se montrer fort, quand l’intimité avec ses parents est impossible. Quand leur amour est conditionnel.
Jérôme a été battu tous les jours sans raison parce qu’il se trouvait là. Pour supporter sa souffrance, il se retirait en lui-même. En effet, il restait silencieux des heures et s’inventait une autre famille. Il ne parlait même pas avec sa sœur qui avait deux ans de plus que lui. Personne ne s’est jamais intéressé à ce qu’il ressentait. Aujourd’hui, il est travailleur social, il s’occupe d’enfant qui ont souffert comme lui. C’est pourquoi, il les écoute comme il aurait voulu être écouté. Il sait ce qu’ils ont vécu…
Mais sa vie à lui est déserte. Il est gentil avec tous, il n’a jamais un mot plus haut que l’autre. Il est incapable de se mettre en colère. Les femmes lui courent après mais il les fuit. Il a peur d’elles. Peur d’être trahi comme il l’a été par sa mère. Et surtout peur de la rage enfouie au fond de lui et qui risque de surgir s’il se laisse aller à une quelconque émotion. Trop de malheur peut rendre intolérant à la bonté, à la beauté et à la joie. Nombre d’adultes ont du mal à recevoir de la tendresse, n’aiment pas le contact physique. Ils sont mal à l’aise si vous les serrez trop. En réalité, ils ont peur de réveiller leurs propres frustrations, leurs rages et leurs terreurs.
Tout d’abord, il y a les personnes qui ne mettent aucune barrière, qui se dévoilent rapidement à n’importe qui. Vous avez peut-être déjà rencontré l’une d’elle. En effet, dès votre première rencontre vous raconte tous ses problèmes familiaux, ses déboires sentimentaux, etc. alors même que vous n’avez rien demandé!
Cette attitude est dangereuse parce qu’il est important de savoir se protéger pour bien s’entourer. Si cette ouverture permet de se rapprocher rapidement d’une personne, les étapes sont brulées et l’irrespect s’intalle d’autant plus rapidement. En effet, en se livrant de cette manière vous aurez tendance à vous attirer des personnes fausses ou manipulatrices qui profiteront de vos vulnérabilités et de votre gentillesse. En étalant à qui veut bien l’entendre vos failles, d’une part vous vous dévalorisez et d’autre part, vous ne respectez pas votre propre zone d’intimité. Il ne s’agit plus de relation mais de fusion avec l’autre.
Ensuite, il y a les personnes qui expriment rarement leurs sentiments, leur ressentis. Nous l’avons vu plus haut sans cela il est difficile de créer un lien, voir même de communiquer. Cette attitude est une manière de se protéger, trop souvent déçut, voir trahi, on se ferme comme une huître pour ne plus être blessé. Le camouflage des affects se fait au prix d’une tension interne extrême. Une personne froide est comme tout le monde, elle désire être heureuse. Pour calmer la brûlure de la souffrance, elle a choisie d’enfermer sa douleur sous une couche de glace. D’autant plus épaisse que la détresse intérieure est grande.
A vous de trouver un juste équilibre et de réajuster en permanence. Equilibre entre le respect de votre zone d’intimié et le respect de celle de l’autre.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]
Vous rencontrez une nouvelle personne ou se sont les personnes que vous croisez à l’occasion. A ce stade, on parle de choses peu impliquantes, c’est le temps des petites conversations. En effet, il y a d’abord les rituels “bonjour”, “comment ça va?” ; “quel beau temps aujourd’hui!”…. Puis comme son nom l’indique, c’est une manière de passer le temps, de discuter avec l’autre sans s’impliquer trop dans la relation. La conversation est balisée. C’est pourquoi, on parle de sujets banals en rapport avec l’un de vous deux ou avec le contexte mais de manière superficielle. Le secret, pour parler sans rien se dire de manière plaisante et agréable, c’est d’être sur un ton humoristique. Cette première étape, vous permettra de voir s’il y a un certain feeling entre vous. Pour passer (ou non) à la seconde étape avec cette personne, c’est clairement votre instinct et votre ressenti qui vous l’indiqueront.
A ce stade d’intimité on parle des personnes de votre entourage. En effet, se sont les connaissances, les relations professionnelles. La relation commence à s’instaurer pour faire quelque chose ensemble. La conversation et les gestes sont dédiés à la réalisation du but commun.
Il peut s’agir d’actions que seul vous deux pouvez faire. Comme par exemple : Achever un travail commun. Cette action peut totalement justifier votre contact. L’implication affective est donc faible. D’autre part, il peut s’agir également d’action nécessitant d’être deux mais qui pourraient facilement être réalisées avec quelqu’un d’autre. Comme par exemple : Faire un tennis. Vous avez besoin d’un partenaire pour jouer au tennis, mais cela pourrait être a priori quelqu’un d’autre.
Dans l’exemple précédent, cela ne pouvait pas être quelqu’un d’autre. L’intérêt pour l’autre est donc ici plus marqué. Cette deuxième étape, vous permettra de voir s’il existe des affinités entre vous. Pour passer (ou non) à la troisième étape avec cette personne faite toujours confiance à votre instinct et vos ressentis.
A ce stade, les actions sont des prétextes pour se rencontrer. La volonté d’être avec l’autre est clairement affichée. On s’appelle directement pour se voir. Comme par exemple : Prendre un verre ou dîner ensemble. Cette étape d’intimité correspond à nos liens amicaux. Vous parlez de vous deux de manière plus personnel. Ensuite, les échanges se doivent d’être réciproques c’est-à-dire qu’il est préférable à faire attention à donner à l’autre et à se dévoiler au même rythme.
Cette troisième étape, vous permettra de voir si la personne est bienveillante et si elle souhaite également créer une relation amicale ou amoureuse avec vous. C’est ici que vous allez en quelque sorte “tester” la personne pour connaitre ses intentions envers vous et voir si vous pouvez lui faire confiance.
Pour passer (ou non) à l’étape suivante vous allez devoir porter votre attention sur les émotions que vous partagez avec cette personne.
En effet, si le lien social et l’intimité que nous partageons avec une personne se portent principalement sur les émotions et les sentiments que nous échangeons, alors quels sont-ils? Êtes-vous souvent mal à l’aise? En colère avec cette personne? Triste ou en insécurité? Ou vous vous amusez, riez, échangez tendresse et affection? Quelles émotions partagez-vous avec cette personne?
Une relation se construit à deux. Ensemble vous êtes heureux, vous vous sentez bien et aimé. D’autre part, vous pouvez vous montrer tel que vous êtes.
Ainsi que commencer à faire confiance à l’autre. Vous savez que l’on ne trahira pas vos confidences ou qu’elles ne seront pas utilisées contre vous… Vous riez, vous amusez ensemble et partagez ensemble de belle émotions, c’est cela vivre l’intimité!
L’amour vrai est la capacité à vivre l’intimité. L’intimité est un espace relationnel dans lequel on se permet un échange direct, authentique et spontané d’énergie, de caresse, de sentiments et de pensées.
L’intimité implique une grande ouverture et réceptivité à l’autre. Nos abysses nous intimident, ils font pourtant notre spécificité et notre beauté.
Cependant, au fil du temps nous continuons de tomber les masques, les choses ne sont jamais figées. C’est pourquoi, nous devons constamment être à l’écoute de soi et des autres afin de conserver un équilibre relationnel satisfaisant.
Cet article est extrait de “L’intelligence du cœur” d’Isabelle Filliozat.